De la Place Winston Churchill à la place du duc d'Orléans. Ce boulevard, lors du lotissement de l'ancien parc, a reçu ce nom, par décret impérial du ler août 1856, en souvenir de la victoire remportée sur les armées russes, lors de la guerre de Crimée, Narcisse Désiré Ancelle étant maire. Ses larges trottoirs ont permis la plantation d'une double rangée de marronniers.
La guerre de Crimée est née du désir des Anglais et des Français de soustraire les détroits de la mer Noire à la menace russe. Le gouvernement de la reine Victoria obéissait à une loi constante de la politique britannique : s'opposer à ce que d'autres établissent des positions maritimes stratégiques. Napoléon III partageait le même souci, mais avec des arrière-pensées diplomatiques et un motif religieux. Il voulait ramener l'entente entre l'Aigle impérial et le Lion, profiter de la méfiance de l'Autriche envers la Russie pour les dresser l'un contre l'autre. D'autre part la France était par tradition protectrice des lieux saints. Un traité signé, en 1740, entre le roi Louis XV et la Sublime Porte l'avait confirmé. Or, depuis un siècle, le clergé grec évinçait peu à peu les desservants de Bethléem et de Jérusalem. Les Byzantins bénéficiaient du soutien efficace du tsar qui déclarait devoir veiller sur les millions de chrétiens orthodoxes vivant sous la domination turque. Depuis 1852, Nicolas Ier guettait la succession de la Sublime Porte, considérée comme l'homme malade de l'Europe. Les provinces moldo-valaques sont alors envahies par les troupes russes... La flotte d'Osman Pacha est coulée en rade de Sinope, le 30 novembre 1853 et la ville est incendiée. La mer Noire devient pratiquement un lac russe...
Le 25 mars 1854, l'Angleterre et la France déclarent la guerre à la Russie... Un corps expéditionnaire franco-anglais est rassemblé à Gallipoli par le général Pierre Bosquet,sous les ordres du général de Saint-Arnaud et de lord Raglan, puis marche sur Varna... Une épidémie de choléra décime l'armée russe... Les alliés battent le général Menchekov à l'Alma et marchent vers Sébastopol qu'ils encerclent. Le site d'Inkerman est celui d'une antique colonie grecque de Crimée, près de Sébastopol, où sont cantonnés les bataillons anglais. Le plateau dominant le site est tenu, le 5 novembre, par les britanniques que les russes attaquent à l'aube, mettant à profit un épais brouillard. Renouvelant la méthode du général Wellington à Waterloo, les soldats britanniques résistent sur place en attendant les alliés français commandés par le général Pierre Bosquet. Celui-ci survient avec les brigades du général Charles-Denis Sauter Bourbaki et sauve les Anglais d'un écrasement total pour rejeter les forces russes vers la Tchernia avec de lourdes pertes...
Sous l'effet des furieuses charges des zouaves français, les escarpements qui jalonnent le plateau recevront après la bataille le surnom d'abattoirs. Pendant près d'un an de siège de la place de Sébastopol, les armées alliées vont peu à peu être décimées, elles aussi, par l'épidémie de choléra, qui fit plus de 30 000 victimes. La guerre de Crimée prendra fin par la prise de Malakoff, le 8 septembre 1855 et la bataille de Kanghil le 29 septembre. À l'issue d'un congrès ouvert à Paris, le 25 février 1856, la paix est signée, le 30 mars. Le principal effet de cette guerre fut l'arrêt de la progression russe vers le Sud. Aux yeux de Napoléon III, cette victoire a effacé les traités de 1814 et 1815.